Se lancer dans la traduction en freelance

Les traducteurs ne sont pas forcément des oiseaux de nuit, tous ne traduisent pas des livres de centaines de pages, reclus dans leur bureau, à griffoner des pages. Aujourd’hui, la traduction est un métier moderne : beaucoup de traducteurs qui l’étaient déjà au tournant du XXIe siècle vous diront qu’en quinze ans, tout a basculé.

Fini les fax, les écrans cathodiques, les glossaires papier (sauf pour quelques irréductibles, que j’admire). Bonjour les CAT tools en local, les bases terminologiques, les mémoires de traduction, les outils de TAO en cloud, les TMS…

Si vous avez choisi des études de traduction, alors vous aimez pratiquer votre langue B, celle qui vous berce depuis les premiers cours de LV1 en primaire ou au collège, et vous aimez écrire dans votre langue maternelle. Plus qu’un simple hobby, vous adorez ça. Vous avez peut-être tenu un journal toute votre vie, écrit des histoires, passé un temps fou à rendre la rédaction parfaite à l’école… ou pas, mais en tout cas, vous souhaitez faire de l’écriture votre métier.

Dois-je avoir un master de traduction pour devenir traducteur indépendant ?

La réponse courte est oui. Difficile de se lancer dans le monde de la traduction en freelance sans le bout de papier qui montre aux agences de traduction que vous avez suivi une formation approfondie au domaine dans lequel vous prétendez offrir vos services. Cela dit, ce n’est pas vrai pour tous les clients : beaucoup d’entreprises ne savent pas qu’il existe des écoles de traduction et se fient à votre site web et à vos talents de communicant.

En début de carrière, après un stage en interne dans une entreprise de services linguistiques, les agences de traduction seront les premières à vous donner du travail. Moyennant un test de traduction visant à démontrer vos compétences linguistiques et votre capacité d’adaptation à un guide de style, un glossaire et un contexte client, vous recevrez vos premiers projets rémunérés et lancerez progressivement votre affaire.

Quelles démarches pour ouvrir ma micro-entreprise ?

Avant toute chose : depuis le 1er janvier 2016, on parle de micro-entreprise et non d’auto-entreprise. Le micro-entrepreneur est un entrepreneur individuel / une entreprise individuelle (EI). Je vous recommande les yeux fermés le contenu de Florian Charpentier et LaMicroByFlo pour en savoir plus sur les démarches de création d’entreprise.

La création d’une micro-entreprise est une procédure simplissime. Vous recevez votre numéro SIRET, qui vous permet d’émettre des factures, et l’aventure commence.

Une fois par mois, ou une fois par trimestre, vous déclarez votre chiffre d’affaire encaissé à l’URSSAF.

Comment trouver mes premiers clients ?

N’allons pas trop vite en besogne. Avant de commencer à prospecter une clientèle, je vous recommande de réaliser les étapes suivantes :

Créez votre profil LinkedIn

Pour trouver et être trouvé, un peu de visibilité ne fait pas de mal. Commencez par créer votre profil LinkedIn en ajoutant :

  1. Une photo de profil de bonne qualité, avec un fond neutre et aéré
  2. Vos diplômes et certifications
  3. Votre poste actuel, qui s’affiche sous votre nom : Traducteur EN>FR
  4. Un paragraphe « À propos » pour parler un peu de vous et des services que vous proposez.

Créez votre CV de traducteur

Format : A4. Un exemplaire en français, un exemplaire en anglais.
Indiquez d’abord un titre qui précise vos langues de travail. Ensuite, mentionnez votre expérience professionnelle pertinente (toute expérience dans la traduction ou dans vos domaines de spécialité), puis vos formations. Il ne s’agit pas là d’un CV classique : il est destiné aux agences de traduction auxquelles vous écrirez. Notez qu’un client direct ne vous demandera pas votre CV.

Intégrez un réseau de traducteurs

La branche que vous avez choisie est riche en réseaux d’entraide. Commençons d’abord par les associations professionnelles qui réunissent des centaines de professionnels de la traduction et organisent des évènements régulièrement. En France, la Société française des traducteurs a mis en place un programme de mentorat, Boussole, pour que les jeunes traducteurs et traductrices puissent bénéficier des conseils de professionnels plus expérimentés. Si vous avez un budget de lancement d’activité, je vous recommande d’investir dans une adhésion afin de bénéficier de ces programmes.

Parce que je ne pouvais pas écrire cet article sans faire la promotion de Discord, voici l’instant publireportage.

Le Serveur Discord des traducteurs francophones accueille aujourd’hui 740 traducteurs et interprètes qui ont le français pour langue maternelle. Le lieu idéal pour rencontrer du monde, discuter tarifs, clients, négociations, facturation, lancement d’entreprise, mais aussi participer à des évènements en ligne et à des sessions de coworking conviviales. Vous êtes les bienvenus ! Vous trouverez plus d’informations sur la page Notion dédiée.

Prospectez

Je ne vous livrerai ici que la méthode simple, qui fonctionne une fois sur cinq. À noter que plusieurs dizaines de candidatures minimum sont de mise pour obtenir des réponses de la part des agences de traduction, tant françaises qu’à l’international.

  1. Rédigez un e-mail ciblé en précisant ce que vous faites, votre combinaison de langues, vos domaines de spécialité OU de prédilection, votre disponibilité (volume de mots par jour ou par semaine), et n’oubliez pas de personnaliser votre paragraphe en fonction des besoins que vous devinez chez une agence en particulier (après avoir épluché leur site web, par exemple).
  2. Le petit plus qui fait souvent la différence : précisez que vous souhaitez nouer des collaborations à long terme.
  3. Je vous recommande de ne pas envoyer votre CV d’emblée. Certaines agences peu scrupuleuses peuvent s’en servir pour répondre à des appels d’offres mais ne vous recontacteront pas.
  4. N’acceptez pas les tests de traduction non rémunérés au-delà de 400 mots.

La traduction est un muscle : plus vous traduirez, mieux vous traduirez.

Et tenez bon. N’oubliez pas que la traduction est un muscle : plus vous traduirez, mieux vous traduirez. Mais pour bien démarrer en tant que traducteur indépendant, plusieurs facteurs entrent en jeu :

1. La visibilité sur le fonctionnement de l’auto-entreprise et de l’entreprise individuelle
2. La connaissance des acteurs du marché susceptibles de donner du travail
3. L’insertion dans un réseau professionnel pour bénéficier de l’expérience de traducteurs aguerris. C’est à cela que servent les associations comme la SFT – Société française des traducteurs, qui défend les intérêts de la profession et cherche à fédérer les professionnels du secteur.
4. La mise en place de pratiques de prospection efficaces
5. L’adaptation technologique (outils de relecture, dictée, et capacité d’adaptation aux outils de TAO et j’en oublie)
5. Viser une spécialisation et ne jamais arrêter de se former dans ses domaines..

Les meilleures armes :
🔵 ne pas se dévaloriser, se sentir légitime dès le début
🟣 s’entourer de pros, échanger, poser des questions
🟡 avoir une vision à court, moyen et long terme pour son activité

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