La traduction en freelance : la troisième année

Les fêtes de fin d’année ont suivi leur cours, quelques repas se sont enchaînés entre les trous normands et, sans transition, vient l’heure du bilan : quelles enseignements tirer de ces années en tant que traductrice indépendante ? Est-ce que ça vaut le coup de se lancer en libéral après un master de traduction (ou de se lancer tout court) ? Comment vont les affaires ? Quels sont les principaux défis du freelancing ?

Aujourd’hui

Je propose aujourd’hui des services de traduction et de post-édition à des agences de traduction françaises et à des clients directs du secteur de la logistique, du logiciel et du jeu vidéo. C’est une première collaboration avec une agence de traduction française qui m’a permis de me lancer : après un test réussi (et rémunéré), les projets se sont enchaînés : communication, tech, hydraulique, médical, un peu de juridique, je touchais un peu à tout. Beaucoup d’agences fonctionnent sur un système d’ « enchères au projet » : je reçois une demande, j’accepte ou je décline. Receive, accept, proceed. Traduire, relire, livrer. Les délais sont parfois courts, parfois longs. Au début, c’est un peu la course, on accepte plusieurs projets de fronts, par peur de manquer, pour se rendre indispensable ; tout en gardant une certaine limite : accepter un volume raisonnable de mots afin de garantir au client la qualité qu’il attend. Après, on apprend, on se crée son propre rythme.

Combien de mots par jour ? Combien par semaine ?

On nous répète souvent que 2000 à 2500 mots par jour est une bonne moyenne. Ça dépend ! Plus on acquiert de l’expérience, plus on est efficace (et parfois spécialisé dans son domaine), et plus il est facile d’étendre son efficacité journalière sans pour autant s’épuiser. C’est une question de ressenti : certains traducteurs traduisent plus de 3000 mots par jour, et peuvent battre des records lorsqu’ils sont spécialistes de leur domaine. Pour atteindre ce niveau, être formé dans son domaine de spécialité permet d’atteindre une compréhension immédiate du texte source, de son contexte, de sa terminologie : inévitablement, la rapidité suit. D’autres traducteurs spécialisés dans la traduction marketing ont un défi plus créatif à relever, et il n’est pas anormal de passer une journée entière sur 400 mots. Rien d’alarmant, la créativité, c’est du travail !

J’oscille aujourd’hui entre 800 mots (les jours où je refuse des projets pour vaquer à d’autres occupations) et 4500 mots. C’est toujours très variable : j’organise mon planning comme je l’entends, entre plusieurs clients réguliers, et place les projets disponibles dans mon agenda en respectant un volume de mots maximal qui me permet de ne pas déborder le soir ou les week-ends. Il n’y a pas de « loi » en la matière : le nombre de mots qui convient, c’est celui qui vous convient. Choisissez un tarif en fonction de votre rythme de croisière, faites le calcul de votre revenu minimal idéal en fonction du nombre de mots traduits sur le mois : si c’est encore trop bas, trouvez des clients qui acceptent un tarif plus élevé (que vous serez capable de justifier !), ou bien revoyez votre productivité pour atteindre vos objectifs !

Quels enseignements depuis 2018 ?

  • J’ai appris à gérer le feedback. En cas de remarque sur un choix de traduction, argumenter, et savoir accepter un feedback mitigé lorsqu’il est justifié.
  • Poser des questions ! On ne le dira jamais assez (et oui, les profs en trad ont raison de le souligner) : en cas de sérieux doute sur un segment source, un mot mal transcrit, il faut poser la question au chef de projet ! Celui-ci peut faire remonter la question au client.
  • J’ai appris à m’organiser. Ayant commencé par un fichier Excel pour gérer mes projets, je suis progressivement passée à LSP Expert, puis ai transféré mon organisation sur Notion.
  • Il faut travailler pour vivre et pas vivre pour travailler ! Inutile de travailler 70h par semaine, ce n’est pas un rythme supportable sur la durée.

Ce que j’aime dans le métier de traductrice indépendante

Je gère mon activité comme je l’entends. Mes horaires, mon identité visuelle, mes supports, mes outils. En intégrant des réseaux de traducteurs et de freelances, en fréquentant le coworking à Dijon, j’ai rencontré des tas de personnes intéressantes, notamment des traducteurs et traductrices qui travaillent dans d’autres domaines que les miens, ce qui m’apporte un éclairage instructif : chacun ses pratiques !

Les projets pour 2021

✨ Développer le compte Instagram de mon activité
🥧 Organiser des évènements informels dans la région
🟣 Développer le serveur Discord des traducteurs
📕 Écrire mon premier e-book !
🖥 Mettre en ligne mon site Internet (celui-ci, en mieux !)

3 commentaires

  1. Bravo pour ce bilan qui témoigne de votre réussite au bout de trois ans (avec des projets d’avenir clairs) – c’ est très encourageant pour la traductrice indépendante que je suis en train de devenir !
    Contrairement à vous, je démarre une seconde carrière à l’âge de 58 ans (après plus de 25 ans en entreprise, dont 18 ans comme directrice éditoriale / de département éditorial) et je ne pense d’ailleurs pas me lancer dans l’aventure d’un blog.
    Si vous le voulez bien, restons en contact, et dites-moi si, à l’occasion je pourrais m’adresser à vous pour une question ou une autre (j’ai contacté quelques traducteurs/trices de la SFT qui ne m’ont pas répondu…). Rassurez-vous, je n’abuserais pas de votre temps, je sais trop combien il est précieux !
    Bonne continuation, à bientôt peut-être,
    Manuela

    Manuela Boublil-Friedrich

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    • Bonjour Manuela ! N’hésitez pas, je devrais être disponible dans le courant de la semaine ! Je vous ai envoyé un InMail sur LinkedIn.

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  2. Bonjour Dorine, et merci pour ce témoignage vivant, mais ô combien concret ! En reconversion professionnelle assurée (dplôme Edvenn en poche et rupture conventionnelle EN signée ce mois-ci), pourrais-je moi aussi avoir un contact avec vous ? Et peut-être bénéficier ici ou là de quelques réponses ou conseils ? Je suis aussi sur LinkedIn (https://www.linkedin.com/in/sandrine-grenier-19860831/). Bonne continuation et à bientôt peut-être. Sandrine

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